Simone Veil, une combattante. Simone Veil, une grande dame. Simone Veil, le visage de la République. Simone Veil, le meilleur de la France. Les hommages se multiplient après le décès de cette femme symbole ce vendredi 30 juin 2017, comme si les mots venaient à manquer pour décrire une telle figure du XXème siècle. Survivante de la Shoah, symbole du progrès des droits des femmes avec la dépénalisation de l’avortement, première présidente élue du Parlement Européen et tant d’autres qualificatifs ne semblent suffisants pour remercier cette femme en avance sur son temps. Alors qu’Emmanuel Macron s’apprête à lui rendre un hommage national ce mercredi 5 juillet, la presse a tiré sa révérence au symbole mais aussi à la femme et à la mère qu’était Madame Simone Veil.
Des unes et des éditoriaux poignants

« La combattante », « Une femme pour la liberté », « l’espoir de la faillible humanité », « une révoltée » : c’est en ces termes que Libération décrit Simone Veil à qui le quotidien consacre onze pages. Le Parisien choisit quant à lui de simplement titrer « Merci Madame ». Frédéric Vézard, éditorialiste pour le journal régional, achève sa tribune par ces mots : « Indifférente aux étiquettes, fidèle à ses convictions. Un résumé de ce que devrait être la politique. Aujourd’hui comme hier. ». Enfin, Le Monde consacre un supplément spécial de huit pages à la « femme de combats ». Le quotidien national a ainsi choisi pour la une de ce supplément une photographie de Simone Veil en 1974, souriante, bienveillante et touchante.
« Les pleurs sont pour aujourd’hui. Ils sont au cœur de toutes et tous les démocrates, de toutes les femmes de France, de ceux et celles qui, pensant à Simone Veil, gardent leur foi en l’avenir. »
Editorial de Libération daté des samedi 1er et dimanche 2 juillet 2017 (extrait)
Un retour en images sur le parcours hors du commun de cette icône

Les photographies du parcours de Simone Veil sont nombreuses dans la presse du samedi 1er juillet et, grâce à une force que les mots ne connaissent pas, vont parfois jusqu’à les remplacer. Dans son édition en ligne, l’hebdomadaire L’Express retrace par exemple l’existence de Simone Veil au travers de clichés, de 1974 lors de son entrée au gouvernement à 2013 lors des obsèques de son mari Antoine Veil. Le Parisien propose une série de clichés illustrant les événements marquants de la vie de Simone Veil, tout d’abord avec son discours de présentation de la loi sur l’Interruption Volontaire de Grossesse en 1974 puis lors de son élection au Parlement Européen de Strasbourg en 1979 et enfin pendant la campagne présidentielle de 2012, lors du repas du Conseil représentatif des institutions juives de France aux côtés de Nicolas Sarkozy.
Une femme aux multiples combats

Cette « femme dans l’Histoire » comme l’écrit Le Figaro est célébrée dans la presse, avant tout pour ses combats, pour la mémoire, pour le droit des femmes et pour la construction européenne. Libération se souvient de la grande dame au travers d’un long article retraçant l’ensemble de sa vie et consacre une double page à chacun des grands engagements de Simone Veil. La rédaction du Monde choisit quant à elle de rendre compte de « l’énergie d’une survivante » qui animait Simone Veil. La force qui émanait de cette dernière est retranscrite au travers d’un récit de ses combats qui s’inscrivent dans « les tourments d’un siècle », grâce à des extraits de son autobiographie Une vie parue en 2007 notamment.
Un retour sur des hommages politiques quasi-unanimes
La plupart de la presse écrite revient sur les réactions politiques à l’annonce du décès de Simone Veil au travers de citations de personnalités comme Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Nicolas Sarkozy ou encore Valéry Giscard D’Estaing. Par ailleurs, Le Parisien publie une interview de Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen, France 2 a diffusé au Journal Télévisé de 20h du vendredi 30 juin un micro-trottoir devant le domicile de Simone Veil, Le Monde revient sur ces « milliers d’hommages », mais aussi sur les très rares voix dissonantes. Raphaëlle Bacqué cite ainsi le tweet choquant et a posteriori supprimé de Samuel Potier, conseiller régional Front National qui lançait vendredi 30 juin : « Qu’elle repose en paix. Elle contemple les millions de morts que sa loi a générés. ». Sur LCI lundi 3 juillet, Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil Constitutionnel rend hommage à Simone Veil et réagit à la pétition demandant son entrée au Panthéon : « Simone Veil n’a pas besoin de ça. Il y a la période du deuil, du recueillement, du souvenir, puis après on verra. »
« Elle a représenté avec dignité les juifs de France. Elle a illustré avec dignité et courage le combat des femmes pour la liberté de maternité. Elle a incarné avec beaucoup de force le rêve européen contre la tentation du nationalisme »
– Jean-Louis Debré (LCI – 03 juillet 2017)
Des hommages plus personnels à la femme, la mère, la grand-mère
Parmi ces articles et reportages sur le symbole Simone Veil, des voix s’élèvent pour célébrer la femme Simone Veil. Le journal chrétien La Croix déclare dans son édition en ligne : « Enfin, et plus simplement, on retiendra la femme. », la journaliste Annick Cojean revient sur sa rencontre avec celle qu’elle qualifie avant tout de « femme ».
« C’est de ses yeux d’un vert transparent et liquide qu’on se souvient d’abord. […] De ses yeux exigeants, qui avaient vu tant de choses, et dans lesquels passaient parfois des nuages et des ombres qu’elle chassait rapidement. De ses yeux comme un lac, tour à tour tristes et gais. De ses yeux qui, constamment troublaient. »
« La force d’une femme » – Annick Cojean (Extrait – cahier du Monde N°22540 daté du Dimanche 2 – Lundi 3 juillet 2017)
Le Parisien quant à lui, propose un article sur Marceline Loridan-Ivens, la sœur « de camp » de Simone Veil, qui déclare : « On s’aimait d’un amour tellement puissant… ». Enfin, lundi 3 juillet, Thomas Sotto a interviewé sur l’antenne d’Europe 1 deux petites-filles de Simone Veil, Valentine et Déborah, qui livrent un témoignage émouvant sur Simone Veil, leur grand-mère.
Au travers de ces hommages multiples et quasi-unanimes, Simone Veil acquiert le rang de personnage historique sage, de symbole, de femme immortelle, admirable et admirée de tous. Certaines voix s’élèvent même déjà et réclament son entrée au Panthéon, aux côtés de Voltaire, de Jean Moulin ou encore de Germaine Tillion. Le décès de cette européenne convaincue qui a toujours souhaité l’amitié entre les peuples, et notamment l’amitié franco-allemande survient dans un contexte de montée des populismes, d’isolationnisme et de rejet de l’autre. Pour beaucoup, il s’agit là de la fin d’une époque, voire de la fin d’un siècle, presque comme un avertissement face aux tendances mondiales actuelles. Mais bien au-delà de cela et avant tout, l’on a envie de dire merci à Simone Veil. Merci pour tout.