La semaine du lundi 29 août au dimanche 4 septembre aura été marquée par la démission d’Emmanuel Macron du gouvernement et la crise politique au Gabon.
Photographie : AFP
France
En marche… Loin de François Hollande
Ce mardi 30 août, Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement. Michel Sapin le remplace à Bercy et conjugue les fonctions de Ministre de l’Économie et des Finances.
Après les déclarations d’Emmanuel Macron lors de son premier meeting pour « En Marche ! » où il n’avait pas caché ses ambitions pour 2017, sa démission n’a surpris personne. C’est donc lundi matin qu’Emmanuel Macron est reçu par François Hollande et lui fait part de « sa réflexion quant à son mouvement politique ». Le chef de l’État et son Ministre se laissent alors un temps de réflexion quant à la décision du fondateur de « En Marche ! ». Le lendemain matin, Emmanuel Macron demande à nouveau un entretien avec François Hollande et il informe ses collègues de Bercy de sa décision. À 15 heures, il se rend à l’Élysée pour présenter sa démission à François Hollande. La passation de pouvoir entre Emmanuel Macron et Michel Sapin se déroule le lendemain matin, mercredi, à Bercy, dans une ambiance tendue.
La classe politique a vivement réagi à cette démission du Ministre. La droite n’hésite pas à critiquer Emmanuel Macron et son bilan, marqué par une volonté de libéraliser la gauche, notamment avec la réforme du travail dominical. La porte-parole de François Fillon a notamment déclaré : « Il y a ceux qui restent pour l’intérêt du pays et ceux qui partent sans autre bilan que leur com’ ». A gauche aussi, l’heure est à la critique. Jean-Christophe Cambadélis a déclaré dans un tweet que la démission d’Emmanuel Macron était « un Kinder Surprise pour convenance personnelle ». Le ton est donné.
Beaucoup voient ce nouveau départ volontaire comme un signe de la faible autorité de François Hollande. Certes, Emmanuel Macron ne critique pas ouvertement son père en politique et déclare même : « les Français lui rendront justice d’avoir fait face à des difficultés exceptionnelles et d’avoir pris ses responsabilités ». Ce rebondissement éloigne un peu plus François Hollande d’une candidature à la primaire de la gauche et à la présidentielle.
Mais quels sont désormais les projets d’Emmanuel Macron ? Tout d’abord se consacrer à son mouvement politique « En Marche ». Il déclare lors de son passage au JT de 20h de TF1 : « Aujourd’hui, je suis plus utile à mon pays en portant ce projet qu’en restant au gouvernement ». Néanmoins, l’ex-Minsitre ne dit rien de sa possible candidature pour 2017. Il déclare seulement : « Ce projet, nous voulons le porter pour 2017 » mais « le temps n’est pas à l’incarnation » dit-il. Emmanuel Macron souhaite ainsi rassembler « toutes celles et ceux » qui partagent les valeurs qui fondent le projet « En Marche ! » et ce, « quelle que soit leur sensibilité politique et même s’ils ne croient plus à la politique ».
Ainsi, Emmanuel Macron se présente comme une alternative au système politique classique, une nouvelle gauche.
C’est un Emmanuel Macron en marche qui quitte le gouvernement. En se consacrant à son mouvement politique, il va donc désormais définir clairement sa position sur les sujets d’immigration, de sécurité ou d’éducation sur lesquels il ne s’est pas exprimé jusqu’à présent. Des rumeurs circulent même sur la parution d’un livre, dans quelques mois… « Une vraie réflexion » disent ses proches… Peut-être un programme…Mais pour l’instant, les Français sont plutôt hostiles à Emmanuel Macron. 60% d’entre eux ne souhaitent pas voir l’ex-Ministre de l’Économie candidat à la présidentielle.
En bref
GOUVERNEMENT – Conjointement à la démission d’Emmanuel Macron du Ministère de l’Économie, la Ministre des Outre-mer George Pau-Langevin a présenté sa démission au Président de la République. Elle est remplacée par Ericka Bareigts, déjà Secrétaire d’État à l’Égalité réelle.
TAFTA – La France demandera fin septembre à Bratislava l’arrêt des négociations entre l’Union Européenne et les Etats-Unis sur le Traité de libre-échange transatlantique ou Tafta. La France justifie cette décision par l’ « opacité » dans laquelle les négociations ont été engagées, accusant les Etats-Unis de ne donner « rien ou alors des miettes ». Ce traité était censé faciliter le commerce entre les États-Unis et l’Union Européenne.
ENTREPRISES – L’Université d’été du Medef s’est tenue le 31 août sur le camps de HEC à Jouy-en-Josas, dans les Yvelines. Les candidats à la primaire de la droite ont défilé devant
les chefs d’entreprise afin de leur exposer leurs différents programmes.
ÉCONOMIE – Un accord a été trouvé entre les éleveurs de lait et Lactalis. Le géant de l’agroalimentaire a fini par céder et paiera en moyenne 290 euros la tonne de lait.
RELIGIONS – Jean-Pierre Chevènement, ex-Ministre a été nommé par Bernard Cazeneuve pour refonder l’Islam de France. Quatre points fondamentaux seront abordés par cette réforme : le financement des lieux de cultes, la gouvernance de l’Islam en France, sa représentation dans le pays et la formation des imams.
DISPARITION – Marc Riboud, photographe français est mort mercredi à l’âge de 93 ans. Son cliché le plus célèbre était « La Fille à la fleur ». La photographie met en scène une jeune fille, une fleur à la main devant les baïonnettes des soldats du Pentagone, pendant une marche contre la Guerre du Vietnam.
International
Le Gabon en pleine crise politique
Dimanche dernier se tenaient les élections présidentielles au Gabon opposant le président sortant Ali Bongo et Jean Ping. Mercredi en fin d’après-midi sont révélés les résultats du scrutin. Ali Bongo remporte 49,80% des voix contre 48,23% pour son rival. Sur 627 000 électeurs, seules 5 594 voix séparent les deux candidats. L’opposition accuse alors Ali Bongo d’une fraude.
Très vite, des émeutes éclatent à Libreville, la capitale du pays. Le Gabon vit une nuit de mercredi à jeudi sanglante. Malgré le dispositif de sécurité mis en place, le Palais Léon Mba est attaqué et l’Assemblée Nationale, incendiée selon des témoins. Aux alentours d’une heure du matin, le QG de Jean Ping est envahi par les forces de l’ordre, faisant deux morts selon l’adversaire d’Ali Bongo. Le Ministère de l’Intérieur gabonais reste flou sur le bilan de ces émeutes : trois victimes dans les émeutes et « entre 600 et 800 interpellations » à Libreville et 300 autres dans le reste du pays.
Le désaccord provient de la région du Haut-Ogooué qui a tardé pour donner ses résultats. Le fief d’Ali Bongo a connu une participation record avec 99% d’inscrits sur les listes électorales contre environ 60% dans toutes les autres régions du Gabon. Sur ce pourcentage, 95% des voix sont favorables au président sortant. Des chiffres que l’opposition et la communauté internationale ont du mal à cautionner. L’Union Européenne, tout comme Jean Ping réclament la publication des résultats de chaque bureau de vote. Jean-Marc Ayrault, Ministre des Affaires Étrangères a déclaré : « Avec l’Union Européenne, la France appelle à la publication des résultats, bureau par bureau ». Le camp du président Ali Bongo s’y refuse, rétorquant : « Ce n’est pas dans les lois gabonaises ».
Ainsi, Jean Ping s’est auto-proclamé Président du Gabon vendredi 3 septembre lors d’une conférence de presse. « Le monde entier connaît aujourd’hui qui est le Président de la République Gabonaise. C’est moi, Jean Ping. » a-t-il affirmé, calmement devant les médias. Son rival, Ali Bongo, appelle son opposant au calme : « Nous sommes dans un État de droit avec des possibilités pour chacun d’exprimer son point de vue et si on n’est pas satisfait d’une situation ou d’une autre, il existe des juridictions devant lesquelles on peut se présenter ».
Il faut dire que la situation était déjà tendue au Gabon avant même ces élections. Après 42 ans sous le pouvoir d’Omar Bongo, c’était son fils Ali qui avait pris le pouvoir, non démocratiquement il y a sept ans.
En bref
COLOMBIE – Un cessez-le-feu historique a été conclu dimanche 28 août à minuit en Colombie entre le gouvernement et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). L’accord de paix sera signé le 26 septembre. Il mettra fin à 52 ans d’un conflit armé sanglant.
BRÉSIL – Mercredi, le Sénat a destitué Dilma Rousseff, 61 voix contre 20. L’ex-Présidente du Brésil a fait appel de la décision du Sénat jeudi 1er septembre, exigeant la « suspension immédiate des effets de la décision du Sénat ».
MIGRANTS – Dans la soirée du 29 août, près de 6 500 migrants ont été secourus par les garde-côtes italiens au large de la Lybie, un chiffre quasi-record.
ÉTATS-UNIS – Vendredi, la côte est des Etats-Unis fait face à un ouragan, nommé Hermine. La puissance de celui-ci s’est ensuite amoindrie, se transformant en une tempête tropicale. Elle a fait deux morts vendredi et samedi.
RELIGIONS – Le Pape François a canonisé Mère Theresa ce dimanche, place Saint-Pierre à Rome.