La semaine du lundi 22 août au dimanche 28 août aura été marquée par l’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy, la polémique du burkini, un séisme en Italie et une opération militaire turque en Syrie.

France

« Tout pour 2017 »

Un livre pour  « donner une crédibilité » à sa candidature et à ses propositions. C’est ainsi que, lundi 22 août, Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature « surprise » à l’élection présidentielle de 2017 et, par conséquent, à la primaire de la droite et du centre.
Après un retour sur ses expériences passées dans « La France pour la vie » en janvier 2016, l’ex Chef de l’État va de l’avant en exposant les bases de son programme dans « Tout pour la France ». Exploration des grandes lignes de son programme.

Les propositions économiques de Nicolas Sarkozy pourraient se résumer à « moins de dépenses publiques, moins d’impôts, moins de déficits ». Le candidat à la primaire de la droite et du centre souhaite tout d’abord baisser l’impôt sur le revenu de 10% et supprimer l’Impôt sur la Fortune.
Afin de financer ces baisses d’impôts et donc de revenus pour l’État, N. Sarkozy propose de mettre en place un plan de réduction de la dépense publique de 100 milliards d’euros. Pour cela, 300 000 postes de fonctionnaires seront supprimés. Comment ? Par le non remplacement d’un départ sur 2 à la retraite pour tous les services sauf pour les forces de sécurité.
L’ancien Président de la République souhaite également instaurer le plafonnement des indemnités de licenciement et la dégressivité des allocations chômage, sujets très sensibles. Ainsi, après un an, les revenus des chômeurs baisseront de 20% puis à nouveau de 20% six mois plus tard. La retraite passerait par ailleurs à 64 ans en 2025.
L’un des principaux axes du programme de Nicolas Sarkozy se concentre sur la compétitivité de la France. Pour cela, il assure que « toute notre politique économique devra désormais être focalisée pour et sur les entreprises ». Il propose notamment un assouplissement des 35 heures, le retour des heures supplémentaires défiscalisées ainsi qu’une baisse des charges sur les bas salaires de 34 milliards d’euros.

Concernant l’éducation, la réforme des rythmes scolaires sera abrogée et les universités pourront fixer librement les droits d’inscription et leurs critères de sélection.
Sur le plan de la santé, le taux de remboursement de l’assurance maladie passera de 76% à 73%.

Mais, Nicolas Sarkozy axe en grande partie son programme sur la justice, l’immigration et la lutte contre le terrorisme. Jeudi, lors de son premier meeting en tant que candidat dans les Bouches-du-Rhône, il a martelé : « Je veux que, face à la menace terroriste, les Français aient la certitude d’être protégés au lieu de se demander pourquoi la réponse de ceux qui devraient nous gouverner est si faible. »
Ainsi, il prévoit une majoration des peines pour les criminels récidivistes au-delà de 3 condamnations. L’auteur de « Tout pour la France » fait de l’islam radical son cheval de bataille et énonce un grand nombre de mesures choc comme la création de centres de déradicalisation pour les condamnés djihadistes à leur sortie de leur prison et pour les individus suspectés de radicalisation. Des centres qu’Alain Juppé, lui aussi candidat à la primaire de la droite et du centre a qualifié de « Guantanamos à la française » et qu’on sait anticonstitutionnels.
En matière d’immigration, Nicolas Sarkozy marche sur le terrain du Front National en promettant de suspendre le regroupement familial en attendant que l’Europe se dote d’«une authentique et réelle politique migratoire commune ».

Ce fut donc une semaine chargée pour Nicolas Sarkozy. Dès lundi, il accorde un entretien au Figaro Magazine, paru le vendredi 26 août. Mercredi, jour de parution de « Tout pour la France », le récent candidat est l’invité du 20 heures de TF1.  Jeudi, il tenait son premier meeting à Châteaurenard dans les Bouches-du-Rhône.
Cette semaine, Nicolas Sarkozy, rompu à l’exercice aura su jouer de la machine médiatique. Ce livre et cette candidature, qualifiés de « secret bien gardé » étaient sans doute une opération de communication bien planifiée. Il a su se placer en candidat de l’ordre et de la fermeté, en opposition, dit-il, à François Hollande.

 

Laïcité ou liberté ?

Après 2004 et l’interdiction du voile à l’école, 2010 et l’interdiction du voile intégral, 2016 et la polémique du burkini.

Tout a commencé le 28 juillet lorsque le maire LR de Cannes David Lisnard a interdit le port du burkini sur la plage de sa commune par un arrêté. Depuis, une trentaine d’autres villes l’ont imité et de nombreuses polémiques ont éclatées. La plus médiatisée fut celle d’une femme, voilée sur la plage de Cannes. Le 16 août, elle est interpellée par les forces de police et sort de la plage sous les « Rentre chez toi ! » des témoins.

Face à ces événements, le Conseil d’État est saisi par la Ligue des Droits de l’Homme et  le Collectif de lutte contre l’islamophobie en France (CCIF). Ces associations demandent la suspension d’un des arrêtés sur le fameux burkini, celui de la commune de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes. Alors que les sondages réalisés montrent les Français opposés à 64% au port du maillot intégral, la classe politique met tous ses espoirs dans cette décision très attendue.
Le vendredi 26 août, une ordonnance de 6 pages est rendue publique. Le Conseil d’État annule l’arrêté pris par le maire de Villeneuve-Loubet et précise : « l’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ».
Aussitôt, les regards se tournent vers les maires des autres communes concernées par ces arrêtés. En effet, si le Conseil d’État condamne l’interdiction du burkini, il n’en annule pas moins les autres arrêtés sur le sujet. La décision ne concerne que les plages de Cannes. Très vite, plusieurs maires annoncent qu’ils maintiennent leurs arrêtés malgré la décision du Conseil d’État.

Le port du maillot de bain intégral sur les plages françaises n’aura cessé de diviser la classe politique pendant cet été 2016. On distingue ainsi deux camps : celui de la liberté et lui de la laïcité…
La droite ainsi que les extrêmes s’opposent à ces pratiques, que Jean-Luc Mélenchon qualifie d’ « affichage militant ». Après la décision du Conseil d’État, une partie de la droite, dont Nicolas Sarkozy, réclame une loi contre le burkini. Les Républicains affichent alors un front uni face au au burkini. C’était sans compter sur Alain Juppé. En effet, dans Le Figaro du 26 août, il dit refuser des « lois de circonstances » et conseille alors à ses confrères politiques de « calmer le jeu d’un côté comme de l’autre ».
Quant à elle, la gauche prend le parti du burkini. Benoit Hamon a ainsi déclaré : « l’islam n’est pas une sous-religion que l’on traite par le biais postcolonialiste ». Mais là aussi, des voix dissonantes se font connaître. C’est le cas du Premier Ministre qui dénonce le voile qu’il considère comme « un asservissement de la femme dès lors qu’il est revendiqué politiquement ». Manuel Valls se met alors la plupart de ces ministres à dos.
Dans cette agitation politique, François Hollande s’exprime jeudi 25 août juste avant la décision du Conseil d’État. Le Président de la République se place alors en modérateur et déclare : que la « vie en commun » « suppose aussi que chacun se conforme aux règles et qu’il n’y ait ni provocation ni stigmatisation. »

En bref

TERRORISME – Mercredi 24 août, Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation nationale et Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur ont annoncés une série de mesures de protection contre le terrorisme dans les écoles. 50 millions d’euros seront débloqués afin d’assurer la sécurisation des établissements scolaires et 3 000 réservistes seront mobilisés pour la rentrée 2016. Cette année, un exercice de simulation d’intrusion terroriste sera désormais obligatoire.

ÉCONOMIE – Les éleveurs laitiers ont manifesté dès lundi 22 août devant le siège de Lactalis. Toute la semaine, le numéro un mondial des produits laitiers et ses éleveurs ont tenté de trouver un accord. Les agriculteurs souhaitent une rémunération plus importante et disent vendre à perte au géant agroalimentaire, qui ne leur paierait pas assez cher la tonne de lait.

CHÔMAGE –En juillet, les chômeurs de catégorie A (c’est-à-dire les chômeurs qui n’ont pas travaillé pendant le mois) a diminué. Cependant, les autres catégories ont vu leurs inscrits augmenté. Ce phénomène est dû à l’augmentation des formations, qui ont progressé de 27% en un an. De plus, les radiations de Pôle Emploi ont bondi.

SANTÉ – L’Agence nationale de sécurité du médicament et l’Assurance-maladie ont publié ce mercredi 24 août une étude concernant la Dépakine. Ce médicament antiépileptique peut provoquer des malformations congénitales s’il est consommé par des femmes enceintes. 14 322 femmes y auraient été exposées entre 2007 et 2014 alors que la notice du médicament mentionnait clairement les risques de malformation des nourrissons. La Ministre de la Santé a annoncé l’indemnisation des victimes.

SPORT – Les athlètes français ont établi un nouveau record de médailles aux Jeux Olympiques de Rio : 42 médailles et une belle septième place au tableau des médailles. La boxe et l’athlétisme ont notamment provoqué de belles surprises.

International

L’Italie tremble et pleure ses morts

Mercredi 24 août. 3h36 du matin. Un séisme de magnitude 6,2 frappe la Valle del Tronto faisant au moins 290 morts et 388 blessés.

L’épicentre du tremblement de terre se situe à 150km de Rome et à 10km au sud-est de Norcia, un village de 5 000 habitants en Ombrie. C’est Accumoli, une commune de la province de Rieti qui ressentira la première secousse de 138 secondes et de magnitude 6,2. Dans la nuit, d’autres secousses s’enchainent dans différents villages de la Vallée jusqu’à 6h06. Les communes les plus touchées sont Arquata del Tronto, Pescara del Tronto, Accumoli et Amatrice.
La plupart des bâtiments de ces villages et des autres communes touchées se sont effondrés pendant la nuit, piégeant un nombre indéterminé de victimes. Alors que plus de 300 répliques se font sentir tout au long de la journée, les secours arrivent et commencent à chercher les survivants. Afin de montrer sa « proximité concrète avec les personnes touchées par le séisme », le Vatican envoie 6 pompiers sur les zones touchées. Au total, 5 000 personnes sont mobilisées pour participer aux opérations de secourisme.
Le bilan passe très vite d’environ 35 morts à 290 victimes et 388 blessés.

Des questions surgissent chez les citoyens italiens face à ce bilan humain extrêmement lourd. Quelles sont les causes de cette catastrophe naturelle ? Pourquoi autant de bâtiments se sont-ils effondrés ? Étaient-ils aux normes antisismiques ?
Le sismologue Bernard Pascal apporte son éclairage au Monde concernant les raisons de ce séisme : « Toute la chaîne de montagnes des Apennins, qui parcourt sur mille kilomètres l’Italie du nord au sud est en train de s’étirer (…) La plupart du temps ces failles résistent, mais parfois des morceaux cassent. Ce séisme de magnitude 6,2 correspond à la fracture d’un morceau de 20 kilomètres de long. »
Matteo Renzi, mis en cause par ses compatriotes sur les causes d’un bilan humain aussi important a réagi jeudi, à la sortie du conseil des ministres : « L’Italie doit avoir une vision qui ne se limite pas à la gestion des situations d’urgence. » Le chef du gouvernement italien a instauré l’état d’urgence dans les régions sinistrées et a débloqué 50 millions d’euros jeudi soir. Face aux attaques sur les normes antisismiques, il s’est défendu : « Evidemment, l’Italie ne peut pas « raser » tous les centres historiques de la péninsule. Le pays possède le record du nombre de monuments inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui ne facilite pas la tâche de la mise aux normes antisismiques. »

Le samedi 27 août, l’Italie observait une journée de deuil national et enterrait les victimes des communes d’Arquata et de Pescara del Tronto. Le travail des secouristes continue. Ils continueront « à fouiller et à creuser jusqu’à avoir la certitude qu’il ne reste plus personne ».

 

Le double objectif d’Erdogan

Le conflit syrien a marqué un tournant le mercredi 24 août lorsque les forces turques s’engagent auprès de l’Armée Syrienne Libre afin de libérer Djarabulus, ville frontalière de la Turquie et tenue par l’État Islamique depuis janvier 2014.

Il est 4 heures du matin lorsque l’opération « Bouclier de l’Euphrate » débute. La Turquie mobilise alors avions, chars et artillerie. Des forces aériennes, majoritairement américaines, arrivent également en renfort de la part de la Coalition antidjihadiste. La progression est rapide. A midi, l’Armée Syrienne Libre et l’armée turque ont déjà repris un village syrien à trois kilomètres de la frontière. Finalement, en fin d’après-midi, Djarabulus est repris à Daech. L’offensive n’aura pas duré plus de douze heures…

Avec cette opération, Recep Tayyip Erdogan souhaite faire reculer l’État Islamique de ses frontières. En effet, Djarabulus constituait l’un des principaux points de passage entre la Turquie et l’État Islamique pour les nouvelles recrues de celui-ci.
Mais un autre objectif se cache derrière cette opération militaire turque : freiner l’avancée de la minorité kurde sur la frontière turco-syrienne. En effet, c’est dans cette région que le YPG (Unité de Protection du Peuple), organisation kurde tente d’unifier son territoire le long de la frontière. La victoire remportée par le YPG à Manbij (ville située à 38 kilomètres au sud de Djarabulus) a sûrement précipitée cette opération menée par l’armée turque et l’Armée Syrienne Libre.
Ce double objectif est pleinement assumé par le président turc. Il a déclaré mercredi : « Depuis 04h00, nos forces ont lancé une opération contre les groupes terroristes de Daech et du PYD (Parti kurde) ». Grâce au « Bouclier de l’Euphrate », Recep Tayyip Erdogan souhaite « mettre un terme » aux « problèmes de la frontière turque ». Mais du côté du PYD, la réponse est virulente. Saleh Muslim, coprésident du PYD déclarait sur Twitter en réponse au président turc : « La Turquie dans le bourbier syrien sera vaincue comme Daech ».

Les conséquences de cette intervention en Syrie pourraient être importantes.
D’une part, face à la situation, les Etats-Unis, alliés des kurdes et de l’Armée Syrienne Libre semblent jouer un double jeu. En visite à Ankara ce même mercredi 24 août, Joe Biden, le vice-président américain, a pris clairement parti dans ce conflit. Il a manifesté son soutien à la Turquie en affirmant : « Nous avons dit très clairement » que les forces kurdes « doivent retraverser la rivière », autrement dit reculer.
D’autre part, un nouveau conflit entre l’Armée Syrienne Libre (ASL) et les forces de l’YPG pourrait éclater dans cette zone à hauts risques.

En bref

EUROPE – Les dirigeants français, italien et allemand se sont réunis en Italie lundi 22 août afin de réfléchir à l’Europe post-Brexit. Angela Merkel a par ailleurs rencontrer pendant toute la semaine une grande partie des chefs d’états européens.

TURQUIE – Vendredi, un attentat à la voiture piégée a visé les forces de polices turques. L’attaque a eu lieu devant les locaux de la police de Cizre, dans le sud-est de la Turquie.  Les rebelles kurdes, qui ont revendiqué l’attentat ont fait 11 morts et 78 blessés.

CORÉE DU NORD – La Corée du Sud et les Etats-Unis avaient entamé des exercices militaires annuels mardi 23 août, simulant une attaque nucléaire de la part de la Corée du Nord. La réponse de la celle-ci ne s’ait pas faite attendre. Dès mercredi, elle a tiré un missile balistique depuis un sous-marin et a menacé la Corée du Sud et les États-Unis d’une frappe nucléaire.

BRÉSIL – Le procès de destitution de Dilma Rousseff, la présidente brésilienne s’est ouvert jeudi 25 août et se tiendra jusqu’au 31 août. Cette procédure fait suite au scandale de corruption qui avait éclaté dans le pays en juin dernier.

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